Premières notes chocolatées à Versailles
La Tasse de chocolat, JB Charpentier Le Vieux, Versailles
Anaïs Ramage : flûtes, basson & direction artistique
Igor Bouin : ténor et comédien
Alice Julien Laferrière : violon
Etienne Mangot : viole de gambe
Thibaut Roussel : théorbe
Pierre Gallon : clavecin
L’Ensemble Roselis, en coproduction avec l’ensemble Artifices, vous convie à un voyage musical retraçant l'arrivée du chocolat dans les salons de Versailles, où la famille royale et leurs invités se délectaient de ce breuvage exotique tout en écoutant les musiciens les plus en vogue à l’époque. Entre anecdotes et extraits de correspondances, le spectateur est plongé dans les polémiques qui ont entouré l'arrivée du cacao et de ses effets addictifs !
Quand Anne d’Autriche, infante d’Espagne, arrive à Versailles en 1615 après son mariage avec Louis XIII, elle emporte dans ses bagages la boisson considérée alors comme le breuvage par excellence de son enfance : le chocolat. Rapporté par les conquistadors espagnols, le chocolat fait donc son entrée à la Cour de France. Consommé d'abord uniquement en tant que boisson, le chocolat est dans un premier temps réservé à la noblesse et la haute bourgeoisie, en raison notamment de son prix coûteux. Les rois et reines de France, de Louis XIII à Marie-Antoinette, apprécient le chocolat chaud, auquel on attribue des vertus fortifiantes, aphrodisiaques ou encore énergétiques.
Au début du règne de Louis XIV, le chocolat se ritualise à la cour : il coule à flot dans le salon de l’Abondance à Versailles, lors des "soirées d’appartement". On l’apprécie le matin, mais également l’après-midi lors d’un goûter, ou encore pendant les soupers privés. On lui prête également des qualités médicinales, bien qu'il fut d’abord jugé néfaste par les médecins : le premier médecin de Louis XIV tente de l’interdire, mais les courtisans continuent à le boire en cachette, ce qui lui donne encore plus de succès. En effet, le chocolat devient tantôt une passion, tantôt une crainte. Les lettres de Mme de Sévigné qui dressent le portrait de la société de son époque, sont marquées par l'apparition du chocolat dans l'aristocratie parisienne. Dix lettres témoignent qu'elle subit tour à tour l'influence des partisans et des détracteurs du chocolat, s'enthousiasmant puis s'y opposant. C'est sous Louis XIV que ce mets se popularise à la Cour, mais c’est Louis XV qui sera considéré comme le plus grand amateur de cette boisson. Il arrivera que le roi prépare lui-même son breuvage dans les cuisines de ses Petits appartements. Les favorites de Louis XV, dont Madame de Barry ne se privent pas non plus de ce cocktail exotique, notamment apprécié pour ses vertus aphrodisiaques. À la même époque, les premières machines destinées à fabriquer le chocolat voient le jour, et plusieurs ateliers spécialisés s’installent à Paris.
La musique choisie est un mélange de différentes œuvres symboliques de l'époque, mêlant la flûte, le violon, la viole, le clavecin, le théorbe, le basson et la voix. Les compositeurs invités (Robert De Visée, Jacques Martin Hotteterre, Michel Lambert, Michel Richard Delalande, Joseph Chabanceau Delabarre, Marin Marais, ou encore la famille Philidor) faisaient partie des musiciens du Roi et jouaient régulièrement dans les salons du château.
Ce programme a été pensé pour être associé à une dégustation de chocolats, sous différentes formes selon les possibilités : dégustation de chocolats aux multiples saveurs tout au long du concert, chocolat chaud servi à la fin... Une manière originale de favoriser le développement du territoire en créant un partenariat local avec un chocolatier local, à la charge des organisateurs du concert.